Blog Whisky : Toulouse Whisky Festival 2019

Le 19 mai 2019 se déroulait la première édition du Toulouse Whisky Festival. Étant dans la région, je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité de découvrir et redécouvrir de superbes potions. Au dernier étage de la médiathèque ce n’est pas moins de 70 distilleries venues du monde entier. On retrouve bien-sûr la France, mais aussi l’Écosse, les USA, le Canada, la Suède, l’Australie, l’Inde, la Taïwan, le Japon, l’Irlande…

J’ai un peu regretté le (très) faible nombre de crachoirs dans la salle. Quand vous avez décidé de goûter une cinquantaine de whiskies, vous avez plutôt intérêt à ne pas trop avaler, sous peine de ressortir les pieds devant. La deuxième chose qui m’a chagriné, c’est le nombre très faible de places pour les Master Class. Je n’ai pas pu en suivre une seule !

Bon, j’arrête de me plaindre. C’est vrai que le programme est alléchant ! Des distilleries très connues, mais aussi d’autres qui le sont beaucoup moins.

Le malt made in the frog nation


En France, Twelve (dans l’Aubrac, comme son nom ne le laisse absolument pas deviné) proposait ses New Makes (comprenez, spiritueux de 2 ans, trop jeune pour qu’on puisse les appeler Whiskies). C’est assez surprenant. Un style très français avec ce côté fruits très mûrs, comme un cognac. Il est chaleureux, avec du miel en veux-tu en voilà, des fruits jaunes, de la cire…. Très gras et ample, mais pas d’une très grande élégance. Si vous aimez la gourmandise, vous pouvez garder le nom en tête, car le temps l’harmonisera sûrement.


J’ai goûté de nouveau Armorik en Bretagne. Je dois dire que je n’ai pas été très emballé. Un style plus écossais que français. Le Dervenn est le plus intéressant. Un très jeune whisky de 4 ans, vieilli en fût neuf (ce qui est rare dans le monde du whisky) de chêne breton (dervenn en breton). Il est épicé (sur la muscade, et autres épices sèches) et floral. En bouche, il a du caractère, encore fougueux, et toujours épicé, avec quelques angles. Une finale moyenne. Un whisky original donc, et pas désagréable.

Le seigle américain, une claque

D’abord un whisky 100 % seigle canadien : le Lot 40. Il s’agit de l’embouteillage premium du distillateur de Canadian Club. Attendez ! Ne partez pas ! Ça n’a rien à voir avec son petit frère, promis ! Le nez embaume le pain de seigle, les épices (muscade et clou de girofle) et la bouche est élégante et tannique. Une vrai découverte qui vous fera découvrir un style atypique. Et vu le prix (30 €), vous ne risquez rien !

Restons au seigle avec le Hudson Manhattan Rye. Un véritable OVNI ! Un mélange figue et abricot secs ultra prononcé, avec une bouche ronde et ferme qui s’assèche en finale sur les épices, et les fruits. J’ai adoré !

Son grand frère, le Hudson Baby Bourbon est tout aussi atypique. Cette fois-ci, on est sur le maïs à 100% vieilli en 4 mois (donc pas un whisky, si vous avez suivi) ! Le nez est réellement étrange, sur la punaise écrasée. J’ai attendu que les arômes se développent, et bien m’en à pris ! Le maïs et les épices arrivent, la punaise s'efface. Bouche ronde, souple et finale courte, ce n‘est pas vraiment taillé pour la dégustation. Mais j’ai très envie de le tenter en cocktail !

Taïwan, moins de 5 ans… Sérieux ?

Oh oui ! Sérieux, la gamme Kavalan de Taiwan l’est assurément. Le classic est sur les fruits très mûrs, sur la rondeur, la démonstration, ce qui lui fait perdre en élégance, mais il n’en reste pas moins un bon choix qui apportera de l’exotisme dans votre placard. Cependant, les sherries casks ne m’ont pas vraiment convaincu. Trop massif et tassés.

Par contre, le Solist Vinho Barrique… Wow ! Je comprends qu’il ait été élu meilleur whisky du monde en 2015. Fin et d’une grande élégance, avec un côté vineux, et une belle complexité sur les fruits exotiques, une bouche ferme et profonde, subtile avec du corps, peut-être un peu alcooleux sur la fin, mais bon ! On est à 60 % quand même ! C’est dommage que le prix soit aussi élevé ! (220 € tout de même !) On peut sans doute trouver mieux à ce prix, mais c’est tout de même une sacré expérience (et dépaysante avec ça). Pour la petite histoire, cette distillerie n’est pas forcément très bien vu par les puristes. C’est une véritable usine quasi totalement automatisée, dont les prix sont toujours très élevés. Mais ne boudez pas votre plaisir si vous avez l’occasion de goûter. C’est déroutant et vraiment bien fait.

Écosse, et whisky ! Retour aux sources



Je vous passe les excellents Balblair, à la fois épicés et frais avec ce côté citron, Glendronach très xéres et tannique, Benromach qui équilibre sa fumée avec du malt et du poivre, la gamme Compass Box toujours juste, Arran et sa délicatesse iodée, et Bruichladdich puissant avec ses Port Charlotte fermes et tourbés mais diablement efficace.

En grosse découverte, il y avait aussi Dalmore King Alexandre III. Un assemblage de 6 vieillissements différents, avec de la richesse malté, des fruits bien frais et un côté agrume qui donne une complexité et une profondeur peu commune au nez. Assez ferme, il se finit sur une touche tannique et une longueur malté et fruité impressionnante. On peut toutefois lui reprocher une bouche un peu en dessous mais ça reste sacrément réjouissant malgré tout. Je n’en ai eu qu’un aperçu et pour lui rendre hommage, il faudrait s’installer confortablement et lui laisser le temps.
Dernière grosse découverte pour moi : le Octomore 9.1. Un whisky de 5 ans d’âge, vieilli en fût de bourbon, à presque 60°. On est en présence de l’un des whiskies les plus tourbé du monde (pour lire l'article consacré à la tourbe, c'est ici), et pourtant au nez, c’est subtil. La fumée est présente mais elle n’écrase pas tout. Au contraire, il a un côté délicat, floral, quelques fruits frais. Un excellent travail, qui, toutefois, manque un peu de profondeur pour la gamme de prix. En bouche, on garde cette délicatesse ferme, avant que l’alcool ne se réveille. Si vous êtes amateur de tourbe, vous ne pouvez pas passer à côté de ce travail magnifique ! Bref, entre la gamme classique, les Port Charlottes et les Octomores, Bruichladdich et moi allons devenir de bons amis !

Voilà qui clôture ce salon qui, pour une première édition, s’est très bien passé. Pour la prochaine édition, venez donc me rejoindre ! Vous trouverez sans aucun doute votre potion !

Pour l’anecdote, en fin de salon, je me suis offert deux verres à 5 et à 7.5€. Un Balblair 1966-2003 de Gordon & MacPhail et un Yamazaki 18 ans. Un grand moment qui a su se faire une place après les 52 whiskies précédents. Un bel exploit !

Votre serviteur et sommelier, Petit Chapeau Rouge

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