Blog Vin : La générosité du Languedoc-Roussillon
Languedoc
Si autrefois la région était connue pour fournir les rouges de soif avec ses 246 000 ha, ces dernières années ont vu le languedoc prendre un autre cap : celui des vins fins de qualité avec des expressions de terroirs de plus en plus précis, accompagnés des cépages grenache noir ou blanc, syrah, carignan, mourvèdre, macabeu et bourboulenc, sans oublier le fameux muscat. Sur le littoral et coincé dans des zones plus ou moins montagneuses, le style de vins peut assez largement varier entre les régions montagneuses, le littoral, la plaine alluviale ou les coteaux pierreux, permettant à chacun de trouver son bonheur dans cette belle région.
Le climat de la région est plutôt sec, avec des étés qui apportent très souvent de la sécheresse, ne laissant comme culture que la vigne et l’olivier. Les pluies, mal réparties, engendrent quant à elle des inondations par leurs violences. Dans ces terres rudes, le vin y est généreux et enrobant. Si autrefois, le doux et le rouge étaient largement majoritaires, on trouve désormais des grands blancs et des rosés croquants.
Languedoc (9 522 ha) : l’appellation générique comprend surtout du rouge et du rosé, mais également un peu de blanc. Anciennement connue sous le nom de coteaux-du-Languedoc, elle part désormais du languedoc et englobe aussi le roussillon. Pour le rouge et le rosé, on retrouve les cépages carignan, cinsault, grenache, lladoner, mourvèdre et syrah. Pour le blanc, on trouve le grenache blanc, clairette, bourboulenc, marsanne, roussanne, vermentino avec d’autres minoritaire, dont le picpoul. Certaines zones peuvent afficher un nom de village comme Cabrière pour ses rosés, Montpeyroux, Saint-Saturnin, Saint-Georges d’Orques, La Méjanelle, Quatourze, Saint-Drézéry, Saint-Christol et Verargues. Plus restrictif, on retrouve des AOC comme Grés-de-Montpellier, Pézenas et Sommières. Je ne peux que vous encourager à goûter aux domaines les Aurelles, Garance, Conte de Floris, Saint-Jean-de-Bébian, Lacroix Vanel et Turner Pageot en Languedoc-Pézenas, mais aussi les domaines Aupilhac et Alain Chabanon (Montpeyroux), sans oublier les domaines Peyre-Rose, Prose, Mylène-Bru, Henry, Mas Espaney, Gré saint Paul et bien d’autres.
Cabardès (400 ha) : Au nord de Carcassonne, vinifiée en rouge ou en rosé, l’appellation est la plus éloignée de la méditerranée de la région et subit l'influence océanique. C’est donc logiquement que l’on retrouve le merlot et le cabernet sauvignon à côté de la syrah et du grenache noir. On y trouve les domaines de Guilhem Barré, et de Cabrol, ainsi que les châteaux de Jouclary, La Bastide Rougepeyre, et Ventenac. Le château de Salitis commence à faire également parler de lui.
Clairette-du-Languedoc (60 ha) : Vin blanc issu uniquement de clairette blanche qui était en vogue au moyen-âge et durant l’antiquité mais qui est un peu tombé dans l'oubli en ce moment. Pourtant, ce cépage donne au vin un côté vanillé, fleurs blanches et même de rancio (orange et figue) en vieillissant. On trouve du moelleux, du sec, et rarement du rancio et de la liqueur. C’est surtout à la cave coopérative que vous pourrez découvrir ce cépage rare.
Corbières (13 000 ha) : Majoritairement en rouge, mais aussi un peu en blanc, il s’agit de la plus vaste appellation de la région. Elle est d’ailleurs si grande qu’on la segmente en 9 terroirs bien spécifiques : Fontfroide et Sigean à l’est, Alaric, Lézignan, Lagrasse, Serviès au nord, Quéribus et Durban au sud, et Termenès et Saint-Victor au centre. Chacun de ces terroirs a sa particularité, mais on peut tout de même donner une généralité. Le corbières est un vin issu du carignan, grenache noir, syrah, cinsault, mourvèdre et lladoner pelut dont les proportions varient en fonction des zones, mais donne souvent des vins chaleureux, gourmands et structurés. Pour le blanc, ce sont les cépages grenache, macabeu, bourboulenc, marsanne, roussanne et vermentino, donnant des vins tout aussi chaleureux. Les stars ici sont les domaines la Baronne, Clos Perdu, Ledogar, Maxime Magnon, Ollieux Romanis, Sainte Croix, Voulte Gasparets, du Grand Arc, de Vaugelas et Gléon.
Corbières-Boutenac (245 ha) : Si avant 2008, elle était un simple secteur de Corbières, elle est maintenant une AOC à part entière, uniquement destinée au rouge. On retrouve ici entre 30 et 50 % de carignan, le reste étant du grenache noir, mourvèdre et syrah. Le domaine de Ollieux Romanis est de loin le plus connu, mais vous pouvez aussi goûter le domaine Grand moulin qui est sympathique, comme le domaine le Champ des Murailles, qui appartient aussi au propriétaire de Ollieux-Romanis.
Faugères (2 004 ha) : très majoritaire en rouge et en rosé, issue du grenache, syrah, mourvèdre, carignan et cinsault, plantée sur les contreforts schisteux des Cévennes à près de 250 m de haut. Les rouges sont plutôt chaleureux, voire généreux. Les deux incontournables ici sont Jean-Michel Alquier et Léon Barral, mais les domaines Clos Fantine, Mas d’Alézon, Céline, des amants de la Vigneronne, Balliccioni, et Estanilles ne sont pas en reste. Si vous cherchez un vin à prix un peu plus doux, comptez sur le domaine Ollier-Taillefer.
Fitou (2 590 ha) : issu du carignan avec un peu de mourvèdre, syrah et grenache, le vin ici est rouge et est bien connu pour être charpenté, puissant à la robe profonde. Les domaines des Milles Vignes, Mas des Caprices et Bertrand Bergé sont les plus connus.
Terrasses du Larzac ( 470 ha) : Au nord-ouest de Montpellier, sur des sols très variés, cette appellation ne vinifie qu’en rouge. Les nuits sont ici fraîches, favorisant une maturité lente des raisins, donnant au vin une grande fraîcheur. Issus d’au moins deux cépages majoritaires parmi le grenache, la syrah, le mourvèdre et le carignan, auditionnés d’un cépage complémentaire, les vins de l’appellation doivent avoir subi un an de fût minimum. Riche, et frais à la fois, ils jouissent depuis la création de l’AOC en 2015 d’une notoriété toujours plus grande. Les domaines connus ici sont le Mas Julien, Montcalmès, Clos Maïa, Jonquières, Mas des Brousses, Mas des Chimères, Mas Haut-Buis, Pas de l’Escalette, Traversée, Vaïsse, Réserve d’O, Vigne Oubliée, et Mas de la Séranne, parmi d’autres.
La Clape (780 ha) : plutôt orienté rouge, avec les cépages grenache, mourvèdre et syrah, on trouve tout de même quelques blancs à base principalement de bourboulenc sous un climat méditerranéen très ensoleillé. Le vignoble se situe dans les collines rocheuses qui sépare Narbonne du littoral, et donne des vins rouges amples et charpentés. Les blancs sont plus frais mais garde une certaine rondeur. Ici le pape est Pech Redon, mais les domaines Sarrat de Goundy et les châteaux d’Anglès et de Mire l’Etang sont très agréables également.
Picpoul-de-Pinet (250 ha) : Le Picpoul est un vin issu du cépage du même nom, et est souvent comparé au aligoté et au muscadet pour son côté tranchant et nerveux, parfait pour les huîtres élevés localement. Le domaine des Lauriers propose une interprétation toujours réussi de ce cépage.
Blanquette-de-Limoux : Très différente de la méthode ancestrale, elle est plus proche du crémant puisqu’elle utilise la méthode traditionnelle (comme le champagne). Le mauzac est très majoritaire mais on peut trouver aussi un peu de chardonnay et de chenin. Si la méthode ancestrale est en perte de vitesse car elle donne des vins simples, la Blanquette-de-Limoux est en progression. Comme pour la méthode ancestrale, nous retrouvons les domaines de Laurens et de Moulin d’Alon, la cave coopérative Sieur d’Arque avec sa célèbre Première Bulle, mais aussi Antech.
Crémant-de-Limoux : Proche de la Blanquette-de-Limoux, car également en méthode traditionnelle, elle ne comporte cependant que du chardonnay, accompagné de chenin et de pinot noir. Exit donc le mauzac ici. Antech, Moulin d’Alon, Laurens, Sieur d’Arque confirment leur maîtrise de la bulle, mais Coume-Lumet propose aussi de belles choses.
Limoux (194 ha) : en dessous de Carcassonne, plutôt vinifiée en blanc en cépage mauzac accompagné de chenin et de chardonnay, obligatoirement fermenté et élevé jusqu’au 1er mai. Le rouge est apparu il y a peu avec du merlot, cabernets, malbec, syrah et grenache. Les domaines de Mouscaillo, Gaure, Hautes-Terres, Rives-Blanques, la Capitelle de Baronarques, Coume-Lumet, Moulin d’Alon, Sieur d’Arques avec sa gamme Toques et Clochers proposent de belles choses. En prix doux, j’ai aussi aimé le domaine de la Rolande.
Malepère (384 ha) : Situé au nord-ouest de la corbières, l’appellation subit l'influence océanique. Ce n’est donc pas étonnant qu’on retrouve du merlot majoritaire, complété par du cabernet franc et du malbec en rouge. Pour le rosé, c’est le cabernet franc qui est majoritaire. Les cépages méditerranéens ne sont guère présent ici. Le pape de l’appellation est le Mas de mon père, avec également le château Guilhem très réputé.
Minervois (4 000 ha) : sur les contreforts de la Montagne Noire, planté sur sol calcaire et schisteux au nord est de Carcassonne, subissant un climat chaud et sec, ces vins rouges sont issu du grenache, carignan, syrah et du mourvèdre. On trouve aussi quelques rosés et de rares blancs de grenache, marsanne, roussanne, vermentino, macabeu, et bourboulenc. Tendres, ronds, riches et veloutés, ils sont facile d’approche. On trouve aussi le Vin Noble du Minervois, un liquoreux de muscat, grenache, et macabeu. Les domaines les plus connus sont Jean-Baptiste Senat, Clos du Gravillas, et Rieux, mais aussi le château d’Agel, notamment.
Minervois-La-Livinière (200 ha) : Reconnu parmi le Minervois, l’appellation produit uniquement des rouge, plus concentré que le Minervois. Le domaine de Garennes jouit d’une bonne réputation ici.
Muscat-de-Lunel (321 ha) : Entre Nîmes et Montpellier, sur un sol de cailloutis englué d’argile, pousse ici du muscat à petit grain donnant naissance à un vin blanc doux naturel (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) à 110 g/L de sucre minimum. Découvrez l’appellation avec un vignoble qui se taille une belle réputation, le domaine des Aires.
Muscat-de-Frontignan (812 ha) : première appellation de muscat, il se situe entre Sète et Mireval. Planté sur sol caillouteux et sec, ce vin blanc doux naturel (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) à 110 g/L de sucre à base de muscat à petits grains est puissant et élégant. Le domaine Mas Rouge, et les châteaux de la Peyrade et Peyronnet en proposent de jolies interprétations.
Muscat-de-Mireval (275 ha) : Sur cailloutis calcaire, le muscat à petits grains est le cépage roi ici et produit un vin blanc doux naturel (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) à 110 g/L de sucre fruité et onctueux. Le domaine du Mas Rouge est un bon exemple du style.
Muscat-de-Saint-Jean-de-Minervois (185 ha) : Issu de parcelles plantés dans la garrigue à 200 m de haut sur du calcaire avec parfois un peu d’argile, le muscat à petits grains donne des vins blancs doux naturels (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) à 125 g/L de sucre, très floraux et aromatiques. Les domaines de la Bagatelle et de Barroubio en sont de solides références.
Les IGP : nombreuses, elles donnent parfois de magnifiques vins, comme l’Hérault et le domaine des Terrasses d’Elise, ou le Pays d’oc avec le domaine de la Grange de Quatre sous ou le domaine des Creisses.
Roussillon
Côtes-du-Roussillon et Côtes-du-Roussillon-Villages (5 770 ha et 2 270 ha) : on trouve les trois couleurs sur l’appellation. Les blancs sont issus du macabeu et du grenache blanc, complété de grenache gris, malvoisie du roussillon, marsanne, roussane, vermentino (rolle) pour donner des vins ronds et floraux. Les rosés et le rouges sont issu de trois cépages minimum parmi le carignan (50 % maximum), grenache noir, syrah, mourvèdre. Le carignan est souvent conduit partiellement en macération carbonique pour faire exploser le fruité du cépage. Les rouges sont riches, épicés, avec des fruits confits. Les rosés sont plutôt nerveux et corsés.
Les villages sont vinifiée en rouge à partir de 3 cépages minimum de carignan, grenache noir, syrah et mourvèdre. Les vins sont souvent un peu plus dense et concentrés que les Côtes-du-Roussillon. Ils sont parfois complété par un nom de villages comme les Aspres, Caramany, Lesquerdes, Latour-de-France et Tautavel. En fonction du terroir, on trouve des tanins fins sur sol acide, et une bouche plus ferme sur schiste et sur argilo-calcaires.
Pour les domaines, vous n’avez que l'embarras du choix : les domaines Gauby, Gardiès, Danjou Banessy, MudiGliza, Laguerre, Cazes, Chênes, Clot de l’Oum, Depeyre, Preceptorie, Schistes, Vaquer, Gerard Bertrand, Saint-Roch, Boudau, Clos des Fées, Brial, Força Real, Rombeau, Semper, La Fage et tant d’autres.
Collioure (619 ha) : sur le littoral, on trouve ici des rouges et rosés de grenache, mourvèdre, syrah, et un peu de cinsault et de carignan. Ils sont coloré et chaleureux. Les blancs de grenache blanc et gris sont rond et généreux. Les domaines les plus connu sont naturellement la Rectorie, mais aussi Abbé Rous, Coume del Mas, Madeloc, Bruno Duchêne, et Tour Vieille.
Maury sec (avec le Maury 280 ha) : datant de seulement 2011, le vin sec de Maury est rouge et majoritairement de grenache (de 60 à 80 %) et sont vieillie au moins 6 mois en fût. Maury est constitué de collines de schistes noirs entourées de montagnes. La cave coopérative travaille bien, ainsi que les domaines Pouderoux, Saint-Roch, et Soulanes, parmi d’autres.
Maury (280 ha) : Des collines de schistes de noirs bordées de montagnes, voilà le décor de de cette appellation. Les rouges sont issu majoritairement du grenache, et les rares blancs du grenache blanc, gris et macabeu. Le vieillissement se fait en fût ou en bonbonne en verre. Les domaines de Mas Amiel, Soulanes, Pouderoux, Paul Menier Cantemach, et Coume du Roy sont de bons représentants du style de l'appellation.
Banyuls (1 160 ha) : coincé entre la montagne et la méditerranée, installé sur des terrasses de schistes, elle n'autorise que le grenache avec des rendements de moins de 20 hl/ ha. On trouve aussi parfois du blanc de grenache blanc, gris, macabeu, rarement de muscat et de malvoisie. Ce sont dans tous les cas des vins doux naturels (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) assez sucré. L’élevage est plutôt oxydatif dans des foudres ou des demi-muids, voir des bonbonnes de verres mise au soleil sur les toits des caves. Les rimages sont quant à eux préserver de l’oxydation. Les domaines de la Rectorie, de Vial Magnères (inventeur du banuyls blanc), traginer, Tour Vieille, Madeloc et la cave coopérative de l’Etoile et l’Abbé Rous.
Rivesaltes (5 180 ha) : En rouge, le grenache est majoritaire, alors que pour le blanc est issu du macabeu, malvoisie et muscat. Ce vin doux naturel (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie), sucré donc, prend un autre nom lorsqu’on lui fait subir deux ans d’élevage : ambré pour le blanc et tuilé pour le rouge. Mais en fonction du contenant (bois ou cuve inox), les arômes sont extrêmement différents. Les rivesaltes grenats n’ont pas connu d'élevage est sont sur des notes de fruits frais. A noter également que les rivesaltes sont aussi autorisés. Les domaines de Rancy, Bertrand-Berger, Boudau et Brial.
Muscat-de-Rivesaltes (5 221 ha) : sur les aires d’appellation de Rivesaltes, Banyuls et Maury, les cépages autorisés sont les muscats à petits grains et muscat d'Alexandrie. Le premier est précoce et aime le calcaire, le deuxième est tardif et apprécie les terrains secs. Ce sont des vins blancs doux naturels (on arrête la fermentation du moût par adjonction d’eau-de-vie) à 100 g/L de sucre. Ils se boivent jeunes. Pour découvrir l’appellation goûtez donc les domaines Boudau, Coume du Roy, Brial, Lafage et Schistes.
Sans oublié les IGP évidemment.
Vous êtes maintenant armé pour partir à l'assaut des vins du soleil. Bonne découverte !
Votre serviteur et sommelier, Petit Chapeau Rouge
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