Blog Vin : la typicité des vins de Jura et de Savoie

Jura

Dans la petite région de Jura et ses 1 850 ha, proche de la bourgogne sur un climat plus continental, on y retrouve le chardonnay et le pinot noir, qu'accompagne des cépages autochtones comme le poulsard (peu coloré, utilisé notamment pour les rosés fait comme des vins rouges) et le trousseau (très coloré et tannique) en rouge, et le célèbre savagnin en blanc. Mais le Jura est surtout connu pour son vin au goût de jaune, et son vin de paille. L’appellation est étalée en bande entre Salins-les-Bais et Saint-Amour. Le nord est plus marqué par les marnes et l'argiles alors que le sud est plus calcaire. Avec des hivers rudes et une humidité qui peut se révéler problématique, la taille se fait en "courgés", c'est à dire en longs bois arqués.

Le vin jaune, porte-étendard de la région, (que l'on peut rapprocher de certains xérès espagnols), est issu du savagnin planté dans des marnes pauvres, puis vieillie au moins 6 ans en fût que l'on ne ouille pas (c'est-à-dire qu'on ne remplit pas les fûts à mesure que le vin s'évapore). Un voile de levure se forme alors sur le vin qui va s'oxyder lentement, donnant l'inimitable vin jaune. Le vin de paille, autre spécialité de la région (que l'on retrouve dans d'autres parties du monde), provient de raisins que l'on a laissés sécher sur des claies afin qu'ils se concentrent en sucre avant de les presser et de les fermenter. A noter qu'il existe deux styles de vin blanc ici : le vin blanc classique, et le vin blanc au goût de jaune qui se rapproche plus ou moins d'un vin jaune. Quant aux rosés traditionnels, ils sont plus proches d'un vin rouge très clair que d'un rosé classique. Ils peuvent donc vieillir un peu.

Côtes-du-Jura (512 ha) : L’appellation générique de Jura comprend toutes les couleurs, à l’exception du crémant qui à sa propre appellation. On y trouve donc aussi du vin de paille et du vin jaune. Les domaines que je peux vous recommander sont assez nombreux : Ganevat  et Labet, tous deux à Beaufort, Berthet-Bondet, Philippe Butin et Pierre Richard au nord de Lons-le-Saunier, Pignier au sud de Lons-le-Saunier, Philippe Chatillon au sud d'Arbois, Marnes Blanches entre Beaufort et Lons-le-Saunier, François Rousset-Martin au sud de Château-Chalon, Ligier à Arbois, Macle à Château-Chalon, et Xavier Reverchon à Poligny.

Arbois (795 ha) : C'est la ville de Pasteur dans laquelle il étudiera la fermentation sur la bière et le vin qui aboutira au système de pasteurisation et à la compréhension de ce qu'est la fermentation. C'est aussi l'appellation la plus connue dans la région, hautement réputée pour ses vins aunes et vins de paille, mais aussi pour ses rosés de poulsard surtout si ces derniers viennent du village de Pupillin (ils peuvent alors faire figurer le nom du village à côté d'Arbois). Le domaine le plus en vue est celui d'André et Mireille Tissot, mais ceux de Pierre Overnoy, Tournelle, Le Caveau de Bacchus, Pinte, Pelican, Rijckaert, Rolet, Frédéric Lornet, et Désiré Petit sont également recommandables.
Château-Chalon (50 ha) : L'appellation la plus prestigieuse de la région. Elle ne produit que des vins jaunes les plus belles années (elle n'en a pas sorti en 1974, 1980, 1984 et 2001) et ne vend ses bouteilles qu'après 6 ans et 3 mois de fûts. Toujours assez onéreux, comme tous les vins jaunes, ce sont des vins atypiques (côté pomme jaune, noix, cumin, avec une bouche assez mince), d'une complexité impressionnante, pas forcement agréable pour eux-même, ils sont extraordinaires avec certains plats (comté 18 mois, poulet ou veau sauce crémé à la morille, ou au curry, haddock sauce agrume, Saint-Jacques saisies sauce au curry, langoustine à la plancha sauce blettes et oranges, risotto aux morilles...). Les Château-Châlon ont la réputation d'être les plus aboutis des vins jaunes. Le domaine le plus connu est celui de Jean Macle. Les domaines Berthet-Bondet, et Grand proposent de belles interprétations également.

Crémant-du-Jura (331 ha) : rarement rosés, ils peuvent provenir de tous les cépages de la région. Le domaine Grand en propose de jolies interprétations.

L'Etoile (66 ha) : Son nom vient soit des cinq collines entourant la ville, soit des fossiles en forme d'étoile qui garnisse les sols du vignoble. Quoi qu'il en soit, sur ces sols argilo-calcaires où les marnes sont rares, le chardonnay y est roi. On trouve également un peu de savagnin pour le vin jaune. Le vin de paille accepte le poulsard en complément. Le domaine star est celui de Montbourgeau, mais Philippe Vandelle produit aussi de belles choses ici.

Macvin-du-Jura (88 ha) :  élaboré à base de jus de raisin (moût) ayant subi un départ de fermentation, et d'eau-de-vie de marc de Franche-Comté, ce vin original fait partie de l'ADN du Jura. Jean-Luc Mouillard et Pierre Richard proposent tous deux de beaux Macvin.

Outre les AOC, vous pourrez trouver l'IGP Franche-Comté, comme ceux du Vignoble Guillaume à Charcenne.

Savoie et Bugey


Connu pour ses 2 031 ha de vins simples à boire en bas des pistes de ski, on trouve pourtant de beaux vins rouges de mondeuse (charpenté), de gamay, persan et de pinot noir. Les blancs ne sont pas en reste avec des pépites élaborées à partir de jacquère (frais et léger), roussanne (appelé ici bergeron, et donnant de grands vins blancs, surtout à Chignin), altesse (très fin), chasselas (rafraîchissant), chardonnay, molette et gringet.

Vin-de-Savoie (1 744 ha) : découpée en plusieurs zones, l'appellation donne des vins assez variés en termes gustatifs dû à une grande différence de sol, de précipitation et d'exposition. Par exemple à Marin, Ripaille, Marignan et Crépy (qui ont le droit d'apposer leur nom sur l'étiquette), on trouve du chasselas donnant un vin léger, souvent perlant. A Ayze (domaine Belluard), ce sont des vins blancs pétillant ou mousseux. A Chautagne (domaine Curtet), on trouve des vins rouges de caractère. Apremont et Abymes (domaine Giachino) proposent des vins blancs frais. Monterminod, malgré une forte pression foncière, proposent de jolies bouteilles tout comme Saint-Jeoire-Prieuré. Chignin (domaine Gilles Berlioze, Cellier des Cray, Jean-François Quénard, Combe des Grand'Vignes, André et Michel Quénard, Pascal et Annick Quénard) s'est concentré sur le bergeron (roussanne) qui donne un excellent vin blanc. Les autres dénominations sont Montmélian, Arbin (domaine Charles Trosset, Genoux, Fabien Trosset), Cruet, Marestel (domaine Dupasquier), Charpignat (Côtes Rousses), Frangy, Jongieux, Montheux et Saint-Jean-de-la-Porte (domaine Chevillard).

Roussette-de-Savoie (213 ha) : Située à Frangy, Monthoux et Marestel, cette appellation n'autorise que l'altesse. N'ayez pas peur de les laisser vieillir un peu. Le domaine Dupasquier est très recommandable, comme Edmond Jacquin ou la Cave du Prieuré.


Bugey (490 ha) : Située dans les basses pentes des monts du Jura, elle occupe des éboulis calcaires. La Cave Sylvain Bois en propose de biens sympathiques.

Roussette-du-Bugey : Issue uniquement de l'altesse, elle est planté sur d'abrupte pente. Vous y trouverez deux crus : Montagnieu et Virieu-le-Grand. La Cave Sylvain Bois est incontournable ici.

Autrefois AOC, l'IGP Allobroges compte deux très beaux domaines : domaine Ardoisières, Vignes de Paradis. L'IGP Coteaux du Grésivaudan est moins remarquable pour l'heure.

Vous voici parés pour affronter les pistes de ski cet hiver ! 

Votre serviteur et sommelier, Petit Chapeau Rouge.

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