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Blog Vin : Domaine de Revel, le forcené du Quercy




Dans le Sud-Ouest, on fait du vin rouge de caractère, et on est fier ! Pensez donc ! Madiran, Cahors, Pécharment, Irouleguy… En 2011, un petit nouveau rejoint cette joyeuse famille : L’AOC Coteaux du Quercy entre Gaillac et Cahors. Alors, il est vrai que les débuts de l’AOC sont difficiles et que trouver des flacons réjouissants est pour le moins compliqué. C’est sans compter un jeune vigneron fou !

Installé à Vaïssac, à 25 km de Montauban dans le Tarn-et-Garonne, il regroupe 14 ha répartis en 10 parcelles de boulbène, de graves et de calcaire au milieu des bois. Et, tenez-vous bien, il ne compte pas moins de 27 cépages différents, issus des vignes de son grand-père pour certains, et d’autres des cépages fraîchement rentrés au catalogue de l’IGP Comté Tolosan, comme le souvignier gris.

Ballade dans le domaine de Revel

Arrivant sur place, je trouve un endroit calme à la vigne enherbée, bucolique, et bien venteux ce jour-là. Mickael Raynal, propriétaire du vignoble depuis 2010, m’accueille, tout sourire et toute barbe. Je ne le savais pas à ce moment-là, mais je venais de m’embarquer dans une aventure de près de 3 heures. L’homme est bavard, et enflammé. Si au début, je m’échine à prendre des notes, je finis par me contenter de mots-clé.

Pour visiter son chai, on passe par une trouée dans un mur, comme si on rentrait dans une grotte. Et la disposition de tant de cuves en fibre de verre dans un endroit si exigüe ne dément pas cette impression, comme si nous étions au cœur du gouffre de Padirac, magnifique grotte près de Rocamadour. Dans un recoin, une porte s’ouvre vers une pièce frigorifique où dorment encore d’autres cuves.

Le Domaine de Revel dans le verre


Grain de Revel, simple et efficace

Et ça commence fort : Grains de Revel, Blanc Sec 2018 en Comté Tolosan. Un vin de Souviginer Gris. Une première pour moi. Si vous n’en avez jamais entendu parler, c’est normal. C’est un croisement du cabernet sauvignon (le cépage médocain ! ) et du bronner (cette fois-ci, on part en allemagne !) de 1983 venu tout droit d’Allemagne. Un cépage à la peau rosée résistant au mildiou, à l’oïdium et à la pourriture grise, idéal pour une production bio. C’était d’ailleurs l’un des premiers vins du domaine certifié.

Très clair, au reflet vert, au nez intense de citron et de fruits exotiques, avec une petite touche de miel, de galet chauffé et de musc. On croirait presque un assemblage de sauvignon blanc (vous connaissez Sancerres ?) et de pinot gris (C’est en Alsace qu’on le trouve celui-ci). Surprenant mais engageant. La bouche est assez ronde, avec une légère amertume bienvenue. C’est satisfaisant, même si je ne vous cache pas que j’aurais aimé retrouver la vitalité du nez dans la bouche. Un petit vin à 5-6 € ma foi sympathique avec quelques fruits de mer.

On poursuit avec un rosé : Grain de Revel, rosé, Coteaux du Quercy, 2018. Un assemblage de Cabernet Franc (Chinon, Saumur… Tellement de choses délicieuses !) , de Tannat (Madiran et sa jolie robe noire ! ) et de Malbec (Amateur de vin typé ? Direction Cahors !). Une robe saumon, avec un nez de pivoine, de groseille à maquereau, de framboise qui laisse entrevoir un rosé de table, ce que confirme une bouche plutôt bien menée avec une finale légèrement métallique, typique du terroir. Ça y est, j’ai envie d’une salade niçoise !

Grain de Revel 2018, Comté Tolosan, Marselan et Grenache Noir (ma kryptonite du Rhône). Pour le vin rouge, on a le droit à un assemblage avec un cépage qu’on ne voit pas beaucoup non plus. Le Marselan est le résultat d’un croisement entre le cabernet sauvignon et le grenache noir de 1961. Une robe toujours sombre mais tintée cette fois d’une touche rubis, typique du grenache. Le nez évoque tout de suite les fruits rouges et les épices douces du grenache mais on retrouve un côté plus poivré, et également de l’olive noire. La bouche souple avec une finale sur des tanins encore serrés confirme que le vin est encore un peu jeune. Un vin simple, original et sans complexe. Parfait pour les apéro terrines. J’achète !

Revel’ation, le vin qui vous veut du bien

On passe au rouge avec le Revel’ation, egiodola 2018. Un autre cépage atypique, mais celui-ci est un croisement entre de l’abouriou (un cépage 100 % Sud-Ouest) et du Tinta da Madeira (de..? Madère ! Oui, bravo ! ) 1954. Plutôt résistant à la pourriture grise, il est le deuxième vin bio du domaine. Il provient d’un pied planté par son grand-père René dont il a fait une sélection massale. Sombre, aux notes violines, avec un nez sur la groseille, la muscade, la mûre fraiche. Une bouche fluide avec quelques tanins poudreux sur la finale. Entre vin d’apéritif et vin de table, il se boit facilement, mais peut accompagner un repas simple sans problème. Un bon petit vin de plaisir immédiat, comme on dit.

Méloïse, le coup de foudre

Bon, on s’est bien amusé, il est temps de passer au plat principal : l’AOC Coteaux du Quercy rouge. On ouvre avec la cuvée Méloïse (du nom de la cadette de Mickaël) de 2017. Un assemblage de Cabernet franc (50%), de tannat (25%) et malbec (25%). Au nez, quelque chose surprend. On a des fruits cuits, mais aussi très frais. Ça rappelle de suite le vin d’amphore. Et pour cause, Mickaël utilise des cuves ovoïdes en polymère poreuses qui permettent une micro-oxygénation sans apporter le côté boisé des fûts, à la manière d’une amphore.


Alors ? Ça donne quoi ? Et bien, impatient assoiffé, c’est pas mal. Pas mal du tout même. De la framboise, de la myrtille, de la mûre, tout ça à la fois frais et cuit, un côté iodé, épicé, violette et une touche de poivron (2017 oblige)… Du caractère mais contrebalancé par un côté terriblement enjôleur. C’est bien vu. En bouche ? C’est cohérent. Un vin qui reste puissant tout de même, mais la vinification lui apporte un charme indéniable. Soyeux et charpenté, une finale sur du fruit frais qui enrobe les muqueuses, et qui appelle irrésistiblement un deuxième verre. Et qui appelle surtout un joli rumsteak avec une sauce dans laquelle on aurait fait tombé quelques fruits rouges ! On est à un peu plus de 10 €, et ça, mes amis, c’est une sacrée potion.

Le Mystère d’Elena, le Coteaux-du-Quercy des exigeants

Le deuxième, le Mystère d’Elena (du nom de sa fille aînée), 2015, lui aussi en AOC, change la donne. On retrouve du cabernet franc (40%), du tannat (25%) et du malbec (25%), mais aussi une touche de merlot. Ici on est parti sur une extraction plus poussée, et un élevage en fût. D’ailleurs, c’est lui qui domine pour l’instant, mais il est fort possible que le vin finisse par manger son bois. Des fruits noirs bien cuits, une jolie complexité avec un côté sauge, un peu de violette, des épices bien sûr (douces apportées par le fût, mais aussi un peu plus sèches). En bouche, c’est dense, un vin qui a de la mâche, mais avec une certaine élégance. La finale se déroule, et soudain, du cigare ! Pas la cendre froide ! Non ! Le tabac doux séché.

C’est bien la première fois que je déguste quelque chose d’approchant. C’est sans aucun doute le Quercy le plus complexe et le plus abouti que j’ai pu goûter, et de très loin. J’ai très envie de tenter une entrecôte de bœuf au barbecue avec une poignée de tabac blond, bien accommodée avec une sauce à base de crème agrémentée d’une touche de violette et sauge et pourquoi pas des gâteaux de céleri et pomme de terre . Le choix d’une futaille de très haute qualité, des faibles quantités et des rendements ridicules font que la bouteille est à plus de 20 €. Mais je ne me fais pas de soucis pour ce vin. Avec un talent comme celui de Mickaël, c’est une cuvée qui progressera encore dans les années qui viendront. D’ailleurs, pour avoir gouté les cuves, attendez-vous à un breuvage sacrément réjouissant sur les prochains millésimes.

Et le dessert !

On poursuit avec du sucre. Le rosé Secret d’Autant dans sa jolie bouteille design. Pour l’assemblage, on a un peu de muscat de Hambourg (oui, oui, le raisin de table ! ) avec 70 % de Tannat. Mickaël a fait ses classes à Madiran et ça se voit ! Un rosé dégageant des arômes de rose et de litchi avec des fruits rouges et des épices. J’avoue que je m’attendais à un nez plus explosif. La bouche est douce, légèrement sucrée (tendre). Ça se laisse tout de même boire, ce petit vin, surtout sur une tarte au fraise.

On termine avec un petit vin blanc doux, fort sympathique. L’instant papillon, 2018, en Comté Tolosan avec 70 % de Muscadelle (on le trouve à Monbazillac et à Sauternes) et du Gros Manseng (dans le Jurançon, tout est bon !). On a tout de suite de la fleur blanche, et un côté rafraîchissant (camphré), de la mangue, de la pêche blanche bien mûre. Un peu sucré (55g/L), il est gras et ample avec une juste amertume qui évite une lourdeur du vin. Et bien, je reprendrais volontiers un autre verre (ou deux), avec une tarte à la mangue, ou mieux ! Un poulet, mangue, coco, curry !

Noël avant l’heure !

Devant mon enthousiasme, Mickaël me réserve une surprise ! Une cuve réfrigérée d’un vin blanc… du solaris. Encore quelque chose que je n’avais jamais gouté ! C’est un descendant du muscat ottonel (le Muscat d’Europe de l’Est) créé en Allemagne (encore) en 1975. Bon, le vin n’était pas stabilisé, mais alors mes amis ! Un côté muscaté, légèrement sur le pamplemousse, un peu de rose et de litchi, une bouche ample et grasse, servie par une belle tension, avec une finale longue sur la noix de coco (qui vient d’un élevage en fût de chêne américain). Pour un premier essai, c’est sacrément engageant ! Encore un peu je plongeais la tête dedans !

Vous l’aurez compris, c’est le genre de visite que j’aime ! Un personnage engagé, passionné, et doué, et des potions qui transportent vers des horizons inconnus. Amis lecteurs, si vous avez un peu de temps et que vous êtes dans la région, venez donc vous perdre du côté de Vaïssac ! Vous y trouverez sans peine de quoi étancher votre soif !














Domaine de Revel
45 chemin des Brugues – 82800 Vaïssac
06 77 11 93 31
domainederevel@yahoo.com

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