Blog Vin : le Limoux selon le Moulin d'Alon


Le Limoux selon le Moulin d'Alon

Par une magnifique journée de janvier, nous décidons de partir à Limoux, région que je ne connaissais pas du tout. Nos amis nous avertirent que c'était l'apocalypse en ce moment avec les inondations causées par la tempête Gloria. Mais nous décidons malgré tout d'y aller. Bien nous en a pris, car d'apocalypse, il n'y avait en fait que quelques champs inondés, et des routes abîmées

Nous passons évidemment voir l'incontournable Cité de Carcassonne et ses fameux remparts. Mais visiter une région, c'est aussi rencontrer ses producteurs. Un peu par hasard, nous nous attardons dans un bar à vin sur la place de Limoux : le "Vin te 2". Le patron est indéniablement de la région vu son accent. Très généreux dans son ton et dans son attitude, il ne manque pas de nous faire la causette.

Les vins au verre, à prix très raisonnable, sont excellents (je retiens le Domaine Laurens et son crèment Grainmenous et les très bon rapport qualité/prix du Domaine la Rolande) et j'en profite pour lui demander quelle propriété il serait intéressant d'aller visiter. C'est là qu'il nous parle d'Alain Cavaillès et de son domaine : le Moulin d'Alon.

Le lendemain, nous prenons rendez-vous avec ce monsieur. La route qui monte jusqu'au domaine, en terre, a subit la tempête et est difficilement praticable, mais ce n'est pas ça qui m’arrêtera ! Enfin, nous y arrivons. La vue est splendide sur les collines et les vallées encaissées.

Nous sommes reçu par Alain. Il nous met tout de suite à l'aise, et nous nous mettons à discuter de cette fameuse tempête. Les vignes ont un peu souffert et il y a du travail. Nous sommes d'autant plus contents qu'ils nous ai accordé un peu de son temps précieux.

Humble et sympathique, Alain Cavaillès n'est pas né vigneron, loin de là ! Diplômé d'école de commerce il était cadre supérieur dans le milieu de la parfumerie à la réunion. Et un jour, c'est à révélation. Il veut retourner dans ses terres natales. Plaquant tout, il trouve un domaine à Magrie : le domaine Tailhan, sur le terroir dit d'Autan (un terroir chaud et sec, avec graves sur roche-mère calcaire).
Il fait une campagne avec le propriétaire, histoire de se faire la main, et réussi bien, puisqu'il récolte deux étoiles au guide hachette sur sa blanquette de Limoux 1998. Et c'est en 1999 qu'il devient l'heureux propriétaire de ses vignes. Mais, bien vite, il comprend que ce n'est pas ainsi qu'il veut travailler. Il se renseigne, essai, jusqu'à trouver : il veut faire des vins aussi peu interventionniste que possible, et surtout, il se rend compte que le sol de son vignoble est très pauvre. Il le compare même à du vin hors-sol ! Prenant les choses en mains, il arrête les traitements de synthèses et s'escrime à rendre à la terre le marc composté, les sarments broyés, les herbes de coupes..

C'est donc tout naturellement qu'en 2009, il gagne sa certification bio sur ses 10 ha, mais il est tout de même plus proche de la biodynamie . En effet, il "dynamise" ses traitements, il utilise des huiles essentielles, prend en compte la lune... Il ne souhaite toutefois pas la certification biodynamie car cela implique de faire un traitement à base de corne de vaches, ce qui ne correspond pas à sa vision des choses. S'il n'est pas végan, il limite tout de même sa consommation de produits animales. Il quitte également petit à petit l’appellation de Limoux pour gagner en liberté sur certaines cuvées (Terre Forte, Shaman, Joï).

Conscient que pour faire un bon vin, il faut un bon raisin, et que pour cela, il est nécessaire d'avoir des vignes bien entretenue, il se montre très attentionné et travaille à la main exclusivement. Pour la vendange, ce sont des amoureux du domaine qui viennent année après année vendanger à la main les raisins du domaine, et les mettent dans des caisses basses de 30kg. 

Pour les blancs, les raisins sont pressé dans une presse horizontale pneumatique, encuvé par gravité et levuré. Pour ses cuvées en rouge, il utilise les levures indigènes, mais pour les blancs, plus fragile, au vu de son installation, la fermentation doit être le plus rapide possible pour éviter toutes déviances aromatiques. Le vin est ensuite élevé un an en fût usagé, pour éviter d'avoir un goût boisé, tout en donnant du corps à ses cuvées.

Les raisins pour le vin rouge sont descendu dans le chai, puis éraflés (on retire les tiges qui maintiennent les baies dans la grappe). Une fois récupéré, les baies sont monter dans les cuves, où la vinification pourra commencer. 

Les pétillants nécessitant un équipement particulier qui fait défaut à Alain pour l'instant, c'est un autre domaine qui s'en occupe. 


La dégustation des vins d'Alain Cavaillès



Micromégas 2013 : Crémant de Limoux : Issu pour moitié de chardonnay, avec 35 % chenin et 15 % Pinot Noir, il a subit un boisage partielle en fûts de 4 vins, et n'a subit un dosage que de 4 g de sucre. Le pinot noir a sans doute été laisser à macérer quelques minutes dans le pressoir pour donner une jolie couleur légèrement rosé. Il a un nez de fruits jaunes, légèrement brioché (dû à un bâtonnage sur lie), accompagné d'un côté foin un peu surprenant. Il apparaît un peu sur la réserve, fermé. Mais ce qui étonne le plus est sa structure. Corpulent et structuré, on ne s'attend pas à ça en buvant un crémant de Limoux. Une blanquette de veau me parait tout à fait à propos pour ce vin.

Étincelle originelle 2013 : Issu à 100 % de mauzac, le cépage, élevage 18 mois sur latte, dosage à moins de 2 g, une touche fermier, du fruit blanc (pomme) et quelques fleures, une bouche bien équilibrée avec une finale longue, tendu, sur le fruit. Tout cela est bien sympathique.

Shaman 2016 : IGP Haute Vallée de l’Aude: macération courte, fût entre 6 et 10 mois, en syrah majoritaire avec merlot et cab sauvignon en soutien. D’ici quelque temps, Alain veut en faire un 100% syrah. Le vanillé léger saupoudré de poivre, accompagné d'un peu de fruits est assez agréable. La bouche est souple d'entrée de jeux mais les tannins se reveillent sur la fin s’étirant sur le poivre et les fruits noirs.

Joï 2016 : Pinot Noir IGP Haute Vallée de l’Aude : Sur la parcelle la plus haute du domaine. Nez subtil avec des arômes bien en place. Des fruits rouges, des fleurs (fleur de vigne ?) quelques épice, avec un léger côté grange. La bouche est fluide, souple, qui s’assèche sur la finale avec des épices types dures, rappelant la syrah. Alain me dit que ces arômes atypique pour un pinot est dû à une attaque d'oïdium cette année là.

Terre forte, blanc 2017: IGP Haute Vallée de l’Aude : issu de 2 lieux dit (le Débès à 400m de haut orienté nord balayé par le vent, le Cabagnol orienté est et ouest à 280 m), 50% chardonnay et 50 % chenin. élevage de 9 mois en fut de plus de 3 vins. Sulfitage très léger (autour de 60 mg/L). Le nez sur les herbes aromatiques est marquant, auquel s'ajoute les fleurs blanches, la poire, le coing, et une touche vanillé. La bouche est plutôt large mais se tend sur une finale salivante.

Terre forte, rouge 2016 : Limoux rouge : 2 lieux dits orienté est et ouest sur grès et marnes. 50 % merlot, 40 % syrah, 10% cab sauvignon. Égrappage 100% élevage d’un an en fût de plus de 3 vins. Sulfitage très léger (moins de 60 mg/L). Beaucoup de fruits accompagné d’épices dans ce vin, avec une texture tout en rondeur, et des tannins sur la finale qui étonnent, le tout restant très digeste malgré tout. Je regrette un léger manque de complexité mais rien de rédhibitoire.

Nostra Perla :  Blanquette de Limoux doux, en Méthode Ancestrale. En 100% mauzac, avec très peu d’alcool (7 à 8%). Un nez typique, sur la pomme verte à croquer, les fleurs printanières, une touche de fermier, et une bouche assez sucré mais équilibré par le pétillant.

Moulin d'Alon

Chemin d'Alon

11300 Magrie

04 68 31 11 01

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